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Faites identifier vos boutons
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 #1537439  par Le Gnoutu
 
Bonjour,

j'ai trouvé un bouton qui a les caractéristiques suivantes:
16mm de diamètre (petit donc)
1g
probablement de couleur dorée à l'origine (quelques éclats de peintures coté "pile")

D'un coté il est écrit PRUNARET . 2ème TIRAILLEURS
de l'autre L & H PARIS

Trouvé dans une vallée des hautes pyrénées
Avez-vous une idée d'où ca peut provenir?

Merci :)

Image
 #1537516  par Grain de Sable
 
Bonsoir,

Il va etre difficile de te répondre :)
Car autant on peut avancer ce que c'est comme bouton, autant il sera difficile de te dire ce qu'il faisait là...

Des "2eme tirailleurs", il y en a plusieurs...les régiments d'Afrique : tirailleurs algériens, marocain, mais aussi des unités d'extrême orient puisqu'il y avait un 2eme tirailleurs tonkinois... Pas simple donc...

Bizarrement, je ne retrouve pas "L & H" à Paris dans les fabricants de boutons militaires habituels et pourtant, ça me parle... mais cela ne veut rien dire : la preuve, il existe bien :)

PRUNARET est donc le mot le plus important car c'est peut être lui qui nous permettra de savoir d'où vient ce bouton, pour qui il a été fabriqué, le distributeur.
En cherchant ce nom, j'ai trouvé dans le journal "L'IMPARTIAL" du 26 aout 1884 (journal de l'arrondissement de Mostaganem) une petite annonce d'une mercerie pour laquelle une Mme PRUNARET cherche une jeune fille :
Image

D'ailleurs, dans le journal du meme jour, la presse annonce le suicide d'un jeune tirailleur dans le camps de Beymouth (quartier de Mostaganem) :

Image


Bien sur, nous sommes dans le domaine de l'hypothèse mais je pense que c'est crédible : l'officier du matériel du régiment de tirailleurs du coin passe commande d'une quantité de boutons que la mercerie locale fait fabriquer par une boite en métropole, jusque là, rien d'extraordinaire.

Alors, il suffit de voir quel régiment est en garnison dans les années 1880/1900 à Mostaganem et c'est ?
Le 2e régiment de tirailleurs, crée en 1856. Il prendra le nom de 2eme tirailleurs algérien en 1919 et reprendra le nom de 2eme tirailleurs en 1958, avant sa dissolution en 1962...

Bon, jusque là, ça pourrait coller non ?

Bien sur, ça n'explique pas sa présence dans les Hautes Pyrénées... D'autant que cette région est loin de sa zone d'opération en Afrique et en Europe puisqu'il a participé à la libération lors de la 2WW et plus particulièrement à la campagne d'Italie avant de partir pour l'Indochine...
Une idée que je vous laisse vérifier : à l'indépendance de l'Algérie, en 1962, les harkis ont été rapatriés dans des camps en métropole, souvent dans le sud-est, mais il y en a peut-etre eu dans les Hautes Pyrenées...

...
 #1537531  par tzar malabar
 
Grain de Sable a écrit : Il va être difficile de te répondre :)
Car autant on peut avancer ce que c'est comme bouton, autant il sera difficile de te dire ce qu'il faisait là...
Des "2ème tirailleurs", il y en a plusieurs...les régiments d'Afrique : tirailleurs algériens, marocain, mais aussi des unités d'extrême orient puisqu'il y avait un 2ème tirailleurs Tonkinois... Pas simple donc...
Bizarrement, je ne retrouve pas "L & H" à Paris dans les fabricants de boutons militaires habituels et pourtant, ça me parle... mais cela ne veut rien dire : la preuve, il existe bien :)
PRUNARET est donc le mot le plus important car c'est peut être lui qui nous permettra de savoir d'où vient ce bouton, pour qui il a été fabriqué, le distributeur.
En cherchant ce nom, j'ai trouvé dans le journal "L'IMPARTIAL" du 26 août 1884 (journal de l'arrondissement de Mostaganem) une petite annonce d'une mercerie pour laquelle une Mme PRUNARET cherche une jeune fille :
D'ailleurs, dans le journal du meme jour, la presse annonce le suicide d'un jeune tirailleur dans le camps de Beymouth (quartier de Mostaganem) :
Bien sur, nous sommes dans le domaine de l'hypothèse mais je pense que c'est crédible : l'officier du matériel du régiment de tirailleurs du coin passe commande d'une quantité de boutons que la mercerie locale fait fabriquer par une boite en métropole, jusque là, rien d'extraordinaire.
Alors, il suffit de voir quel régiment est en garnison dans les années 1880/1900 à Mostaganem et c'est ?
Le 2ème régiment de tirailleurs, crée en 1856. Il prendra le nom de 2ème tirailleurs algérien en 1919 et reprendra le nom de 2ème tirailleurs en 1958, avant sa dissolution en 1962...
Bon, jusque là, ça pourrait coller non ?
Bien sur, ça n'explique pas sa présence dans les Hautes Pyrénées... D'autant que cette région est loin de sa zone d'opération en Afrique et en Europe puisqu'il a participé à la libération lors de la WW2 et plus particulièrement à la campagne d'Italie avant de partir pour l'Indochine...
Une idée que je vous laisse vérifier : à l'indépendance de l'Algérie, en 1962, les harkis ont été rapatriés dans des camps en métropole, souvent dans le sud-est, mais il y en a peut-être eu dans les Hautes-Pyrénées ..



_ Exceptionnelle !! 8/ ......... Magnifique érudition ! :super:
 #1537537  par Baillius
 
:hello:

C'est incroyable comme un bouton de pantalon culotte pour troupe coloniale peux nous faire voyager .
 #1537550  par Le Gnoutu
 
Merci beaucoup Grain de Sable pour cette recherche très précise et sacrément efficace ! (avec des rebondissements digne d'un bon Conan Doyle ! )

Voici ma très modeste contribution, en 1962 environ 70 000 harki sont arrivés en Midi-Pyrénées et environ 4 700 dans les hautes Pyrénées. Pas négligeable donc...

Voilà la carte des camps de rapatriement:https://framespa.revues.org/docannexe/i ... /img-1.png

Encore une fois, merci. Entre la recherche et la réponse vous avez dû passer beaucoup de temps, ca se voit !
 #1537551  par Dollismine
 
J'adore ! Exceptionnel !!
Bravo les mecs ! :super: :super:
 #1537562  par Grain de Sable
 
Bonjour,

Bien vu, Le Gnoutu, pour la carte des camps de Harkis. :)
Comme je le disais, cela ne reste qu'une hypothèse mais je le trouvais assez crédible pour la partager. :)

Oui, c'est le fruit de quelques heures effectivement mais comme avec cette chaleur, je sens bien que la foret ne me veut pas... j'avais un peu de temps ! ::d ::d ::d

...
 #1537570  par Dagon16
 
:hello:

Je ne pense pas à un bouton militaire, pour deux raisons :
- la fabrication des boutons militaires est réglementée et confiée à des fabricants spécialisés, pas à une mercerie de quartier (de plus faire apparaître sur la face du bouton le nom du fabricant au même titre que celui du régiment est tout sauf règlementaire);
- les merceries du début du XXème siècle commandaient à titre publicitaire à des fabricants spécialisés (ici L & H à Paris) des boutons personnalisés qui étaient ensuite cousus sur tous leurs articles. Ces boutons présentaient sur leur face visible le nom de la mercerie ainsi que son adresse (ville ou rue).

Donc ici "2ème tirailleurs" ne fait pas référence à la destination du bouton mais plutôt à l'adresse de la mercerie.

Image

Celle-ci se trouve bien à Mostaganem et le nom de la rue est bien sûr lié à la présence du régiment, mais il s'agit d'un bouton civil.
Est-ce un militaire qui a été acheter des vêtements civils ou un simple local... Là, on ne peut savoir ! :hehe: Concernant sa présence sur le lieu de trouvaille, les hypothèses peuvent être nombreuses mais celle fournie par Le Gnoutu est étayée historiquement. :super:
 #1537685  par Grain de Sable
 
Bonsoir,

Oui, Dagon16, je te rejoins sur la fabrication par des fabricants spécialisés des boutons militaires d'uniforme, tels qu'on les connait habituellement. Mais je serai moins affirmatif sur ce genre de bouton. Là, on est sur du boutons 4 trous, plutot bouton de culotte ou d'équipement. Et avant le "tout administration", il y avait une souplesse pour les unités hors métropole et un peu spécialisées et, pour l'avoir vécu, il est tout à fait plausible qu'une unité fasse faire à son initiative des articles tels des sarouels, chèches, burnous, ceintures, et donc les boutons qui allaient sur certains articles, sans compter les effets dit "fantaisie".

Mais, ceci dit, je pense que tu as mis le doigt sur la bonne hypothèse :super:
Il faudrait trouver l'adresse de la mercerie pour le confirmer définitivement :]
 #1537691  par Dagon16
 
Grain de Sable a écrit :Bonsoir,

Oui, Dagon16, je te rejoins sur la fabrication par des fabricants spécialisés des boutons militaires d'uniforme, tels qu'on les connait habituellement. Mais je serai moins affirmatif sur ce genre de bouton. Là, on est sur du boutons 4 trous, plutot bouton de culotte ou d'équipement. Et avant le "tout administration", il y avait une souplesse pour les unités hors métropole et un peu spécialisées et, pour l'avoir vécu, il est tout à fait plausible qu'une unité fasse faire à son initiative des articles tels des sarouels, chèches, burnous, ceintures, et donc les boutons qui allaient sur certains articles, sans compter les effets dit "fantaisie".

Mais, ceci dit, je pense que tu as mis le doigt sur la bonne hypothèse :super:
Il faudrait trouver l'adresse de la mercerie pour le confirmer définitivement :]
je veux bien entendre l'argument des unités délocalisées et de l'approvisionnement local mais alors pourquoi commander des boutons à une mercerie locale qui va les faire fabriquer à Paris plutôt que de les commander directement aux fournisseurs règlementaires situés pour nombre d’entre eux à Paris ?
 #1537709  par Grain de Sable
 
Bonjour,

Je me suis mal exprimé Dagon16, je voulais dire que sur des boutons d'uniformes, il n'y avait pas de marge de manoeuvre mais que sur des boutons dans ce genre et pour certains autres équipements, il pouvait y avoir un approvisionnement local.
Tu as montré que ce n'était pas le cas pour celui-ci et comme je le disais plus haut, je pense que tu as la bonne explication, la bonne hypothèse. Et effectivement, la perte par un rapatrié ou un membre de sa famille reste aussi une explication plausible.