
Attention aux fausses,certain faussaires vont jusqu'à copiés des monnaies avec des objets d'époques refondus,l'esprit humain n'a pas de limite
NOTES
Les fausses monnaies de collection
Alors que le goût des antiquités est relativement récent, puisqu’il a été mis à la mode par Victor Hugo, puis par Viollet-le-Duc, dans la première moitié du XIXe siècle, la numismatie était déjà une science, ou une passion, comme l’on préfère, fort à la mode à l’époque de la Renaissance, où les anciennes monnaies romaines étaient très recherchées par les collectionneurs. C’est alors que, tout naturellement, apparurent les premiers contrefacteurs, comme Jean Cavino et Alexandre Bassiano, dit le Padouan, qui fabriquèrent de fausses pièces antiques avec un tel art que, seuls, de nos jours, quelques grands experts sont capables de les différencier des authentiques. Les fausses pièces et médailles de Cavino et du Padouan sont d’ailleurs maintenant autant recherchées, sinon davantage, par les amateurs, que les originaux qui leur ont servi de modèles.
Mais le plus célèbre faussaire des temps modernes fut sans doute Becker, qui vivait à la fin du XVIIIe siècle. C’était un graveur de grand talent, qui imitait n’importe quelle pièce de monnaie ou médaille, qu’elle fut grecque, romaine ou moyenâgeuse. Bien entendu, il ne s’attaquait qu’à des types très rares, fort recherchés des collectionneurs et, par conséquent, susceptibles d’être vendus très cher. Pour cela, il se servait d’authentiques pièces anciennes, mais banales, dont il polissait les flancs, pour ensuite y frapper de nouvelles effigies. Ces pièces nouvelles étaient alors enfermées dans une boîte de métal, avec de la graisse et de la limaille, et Becker suspendait le tout sous sa voiture, avec laquelle il roulait durant des mois. Les cahots aidant, les fausses pièces acquéraient ainsi une usure et une patine artificielles, qu’il était difficile, voire impossible de reconnaître.
Les fausses médailles et pièces de monnaies, comme les vraies d’ailleurs, sont soit coulées, soit frappées. Les pièces coulées ne peuvent être que l’œuvre de faussaires modernes, car jadis personne ne se servait de ce procédé, la monnaie étant frappée. On disait d’ailleurs « battre monnaie ». Le moule des pièces coulées est fait de sable et d’argile réfractaire mais, si fins que soient ces matériaux, ils ne peuvent rendre le détail de l’original. Les fausses pièces coulées sont grossières dans leur dessin, moins lourdes aussi, pour un volume égal, que les pièces frappées. En outre, la surface en est grenue, les lettres empâtées, ce qui nécessite des retouches à la lime et à la pointe sèche, dont les traces sont assez aisément repérables à la loupe.
Afin d’obtenir une meilleure coulée, les faussaires emploient parfois un alliage spécial, connu sous le nom de « métal Darcet », dont la température de fusion, très basse, se situe aux environs de 60° centigrades. Les pièces ainsi obtenues présentent des détails d’une assez grande finesse, et elles sont recouvertes d’argent ou d’or par galvanoplastie. Il est cependant très aisé de découvrir la fraude, car ces faux, exposés à la flamme d’une bougie, fondent comme de la cire, ou presque.
Les fausses pièces frappées sont, elles, plus parfaites et, de toute façon, cette perfection dépend de celle des « coins », ou matrices, qui servent à la frappe. Jadis, ces « coins ,» étaient, en général, faits de cuivre ou d’étain, dont les angles s’émoussaient vite, ce qui donnait aux pièces une sorte de velouté, de douceur. Les « coins» actuels étant presque toujours en acier, elles donnent aux faux un dessin sec, mécanique, qui ne trompe pas les experts.
Autres façons de reconnaître une fausse pièce ancienne. Les vieilles monnaies authentiques ont toujours leurs flancs bombés et arrondis aux angles; les fausses ont au contraire des flancs plats, aux angles nets. Quant à la fausse patine, elle disparaît après un bain plus ou moins prolongé dans l’eau bouillante.
Mais les faussaires font souvent preuve d’une certaine imagination et ne se contentent pas toujours d’imiter servilement. Ils créent, comme par exemple ceux-là qui, possédant de vieilles matrices frappent certaines pièces en or ou en argent, alors qu’originellement il n’en existait qu’en bronze. Et il y a aussi les fabricants de monstres numismatiques qui, à l’aide de vieilles pièces authentiques en fabriquent qui n’ont jamais existé. Par exemple, ils scient deux pièces anciennes dans leur épaisseur, puis soudent avec adresse la moitié de l’une sur la moitié de l’autre, et vice versa.