BULLE EQUESTRE (article de presse)
MessagePublié :20 sept. 2015, 14:37
salut à tous...
article trouvé dans ma presse locale....>> http://www.midilibre.fr/2015/09/19/bern ... 215328.php


E n 2005, les habitants du château d'Aujac font une découverte exceptionnelle. Ils la gardent secrète dix ans. Jusqu'au jour où les plus grands spécialistes s'en mêlent.
On dit souvent qu'en archéologie il faut creuser pour remonter le temps. Mais en Cévennes, les signes du passé ont parfois tendance à refaire surface.
À Aujac, un ancien seigneur a profité d'un orage pour réapparaître huit siècles plus tard. C'était dans les terres argileuses du château du Cheylard, le 12 septembre 2005. "L'intérêt des épisodes cévenols, c'est qu'ils ravinent la terre, se souvient Gilbert Léautier, qui occupe le château avec sa compagne Marlène Rigal-Pouget. Là, en plus de la pluie, des sangliers avaient labouré le sol. Dans la terre, on a découvert un objet extrêmement bien conservé."
Cet objet, c'est un sceau en plomb, représentant Bernard d'Anduze à cheval. Côté pile, brandissant une épée, le chevalier part à la guerre. Côté face, il chasse. Il tient un olifant dans une main et, de l'autre, terrasse un sanglier. Gilbert et Marlène se rendent tout de suite compte que la trouvaille est importante : "Habituellement, on utilisait des sceaux en cire pour authentifier des parchemins, raconte Gilbert. Mais sur une partie de la France, on faisait parfois des sceaux en plombs, appelés sceaux pendants ou bulles. On les accrochait aux parchemins avec des fils. Les bulles sont statistiquement beaucoup plus rares. Elles étaient utilisées pour sceller les actes importants. Celle-ci pourrait avoir permis d'officialiser l'acte de fondation du château d'Aujac."
Des années d'enquête
Plutôt que de rendre tout de suite publique leur découverte, Gilbert et Marlène vont prendre le temps. Ils effectuent des recherches pour savoir si d'autres exemplaires semblables existent. Ils en trouvent quatre, ressemblants mais pas identiques. L'un, datant de 1 210, se trouve au Puy-en-Velay. Il est encore accroché à son parchemin. Un autre est gardé aux archives royales de Bruxelles. Un troisième, trouvé en 2006 par détecteur de métaux, est répertorié par le CNRS. Le quatrième est mis en vente en 2010 aux enchères de Chamalières (Puy-de-Dôme). "Aucun n'est identique au nôtre. Cette bulle, qui doit dater de la fin du XIIe siècle, est inédite", concluent-ils.
Publication scientifique
En parallèle, nos Cévenols tentent d'alerter les organismes officiels de leur découverte : archives départementales, régionales, École des chartes, etc. mais leurs courriers restent sans réponse. Jusqu'au jour où ils contactent Jean-François Foucaud, un ancien de la Drac et de la BNF qui les oriente vers Michel Popoff. Ce dernier, ex-conservateur en chef du Cabinet des Médailles de la BNF et président de l'association internationale d'héraldique est un expert en sigillographie (l'étude des sceaux). Il se rend à Aujac le 24 août dernier. Le spécialiste est formel : la bulle équestre d'Aujac est exceptionnelle (lire ci-contre). Il demande aux châtelains d'en faire une communication scientifique dans la Revue française d'héraldique et de sigillographie. Elle paraîtra en 2016 et permettra d'alerter la communauté scientifique.
Une famille très puissante
Aux XIe et XIIe siècle, la maison d’Anduze règne sur une très large partie des Cévennes. Son territoire comprend (avec des variations selon les époques) Anduze, Vézénobres, Alès, Sommières, Aujac, Sauve, Corconne, la Vallée-Française, Florac, Joyeuse...
Le premier sire d’Anduze à être cité (en 910 et 955) est Bernard d’Anduze. La maison d’Anduze disparaît autour de 1 250. La croisade des Albigeois (1 229) a participé à sa perte d’influence, plusieurs membres de la maison ayant soutenu le comte de Toulouse (famille avec laquelle les Anduze avaient eu des alliances) contre le roi de France. Bernard VIII d’Anduze (1189-1223) pourrait, selon les recherches de Gilbert et Marlène, être le “Bernard” représenté sur la bulle d’Aujac.
Il était entre autres Prince de Luc, Seigneur de Portes, de Largentière et d’Alès, Évêque de Viviers.
(source Midi Libre septembre 2015)
article trouvé dans ma presse locale....>> http://www.midilibre.fr/2015/09/19/bern ... 215328.php


E n 2005, les habitants du château d'Aujac font une découverte exceptionnelle. Ils la gardent secrète dix ans. Jusqu'au jour où les plus grands spécialistes s'en mêlent.
On dit souvent qu'en archéologie il faut creuser pour remonter le temps. Mais en Cévennes, les signes du passé ont parfois tendance à refaire surface.
À Aujac, un ancien seigneur a profité d'un orage pour réapparaître huit siècles plus tard. C'était dans les terres argileuses du château du Cheylard, le 12 septembre 2005. "L'intérêt des épisodes cévenols, c'est qu'ils ravinent la terre, se souvient Gilbert Léautier, qui occupe le château avec sa compagne Marlène Rigal-Pouget. Là, en plus de la pluie, des sangliers avaient labouré le sol. Dans la terre, on a découvert un objet extrêmement bien conservé."
Cet objet, c'est un sceau en plomb, représentant Bernard d'Anduze à cheval. Côté pile, brandissant une épée, le chevalier part à la guerre. Côté face, il chasse. Il tient un olifant dans une main et, de l'autre, terrasse un sanglier. Gilbert et Marlène se rendent tout de suite compte que la trouvaille est importante : "Habituellement, on utilisait des sceaux en cire pour authentifier des parchemins, raconte Gilbert. Mais sur une partie de la France, on faisait parfois des sceaux en plombs, appelés sceaux pendants ou bulles. On les accrochait aux parchemins avec des fils. Les bulles sont statistiquement beaucoup plus rares. Elles étaient utilisées pour sceller les actes importants. Celle-ci pourrait avoir permis d'officialiser l'acte de fondation du château d'Aujac."
Des années d'enquête
Plutôt que de rendre tout de suite publique leur découverte, Gilbert et Marlène vont prendre le temps. Ils effectuent des recherches pour savoir si d'autres exemplaires semblables existent. Ils en trouvent quatre, ressemblants mais pas identiques. L'un, datant de 1 210, se trouve au Puy-en-Velay. Il est encore accroché à son parchemin. Un autre est gardé aux archives royales de Bruxelles. Un troisième, trouvé en 2006 par détecteur de métaux, est répertorié par le CNRS. Le quatrième est mis en vente en 2010 aux enchères de Chamalières (Puy-de-Dôme). "Aucun n'est identique au nôtre. Cette bulle, qui doit dater de la fin du XIIe siècle, est inédite", concluent-ils.
Publication scientifique
En parallèle, nos Cévenols tentent d'alerter les organismes officiels de leur découverte : archives départementales, régionales, École des chartes, etc. mais leurs courriers restent sans réponse. Jusqu'au jour où ils contactent Jean-François Foucaud, un ancien de la Drac et de la BNF qui les oriente vers Michel Popoff. Ce dernier, ex-conservateur en chef du Cabinet des Médailles de la BNF et président de l'association internationale d'héraldique est un expert en sigillographie (l'étude des sceaux). Il se rend à Aujac le 24 août dernier. Le spécialiste est formel : la bulle équestre d'Aujac est exceptionnelle (lire ci-contre). Il demande aux châtelains d'en faire une communication scientifique dans la Revue française d'héraldique et de sigillographie. Elle paraîtra en 2016 et permettra d'alerter la communauté scientifique.
Une famille très puissante
Aux XIe et XIIe siècle, la maison d’Anduze règne sur une très large partie des Cévennes. Son territoire comprend (avec des variations selon les époques) Anduze, Vézénobres, Alès, Sommières, Aujac, Sauve, Corconne, la Vallée-Française, Florac, Joyeuse...
Le premier sire d’Anduze à être cité (en 910 et 955) est Bernard d’Anduze. La maison d’Anduze disparaît autour de 1 250. La croisade des Albigeois (1 229) a participé à sa perte d’influence, plusieurs membres de la maison ayant soutenu le comte de Toulouse (famille avec laquelle les Anduze avaient eu des alliances) contre le roi de France. Bernard VIII d’Anduze (1189-1223) pourrait, selon les recherches de Gilbert et Marlène, être le “Bernard” représenté sur la bulle d’Aujac.
Il était entre autres Prince de Luc, Seigneur de Portes, de Largentière et d’Alès, Évêque de Viviers.
(source Midi Libre septembre 2015)