Agriculteur, mais surtout ancien apiculteur ( une tornade a littéralement détruit nos 13 ruches en moins de temps qu'il ne m'en a fallu pour l'écrire ), j'ai remarqué certaines choses :
- Le varroa : Quand il est arrivé, les apiculteurs balançaient de l'insecticide en poudre en plein sur les cadres et les corps de ruche. Aucune balance, aucun grammage, pas même délayé au pulvérisateur manuel.
Combien de ces ruchers sont encore en activité, continuant à empoisonner les abeilles ?
- Ensuite, si les abeilles butinent effectivement les colzas, les pois et quelques rares cultures agricoles françaises, il faut rappeler que c'est pour faire du miel. Le pollen, essentiel à leur survie, elle doivent aller le chercher sur d'autres plantes : noisetier en hiver, cornouiller et genets au printemps, etc...
Or, tous cette diversité d'arbustes essentiels à leur survie disparait de nos campagnes, remplacée par ces merveilleux thuyas et autres faux-cyprés, bien taillés en alignement. Les jardins arborés et fleuris ont fait place à la pelouse, les tours de ville ont été arrasés et bitumés, les haies des champs ne sont plus entretenues, même les bas-côtés ne sont plus qu'orties et chardons. Chacun va à l'essentiel, l'entretien prend du temps, alors on simplifie tout. L'ouvrier communal ne travaille plus que deux demies-journées par semaine à tondre, les cantonniers ont disparu.
- L'équivallent d'un département français disparait tous les dix ans sous l'urbanisation. C'est un chiffre connu, qui donne le tourni. Un département d'écosystèmes, avec sa faune, sa flore, son biotope qui est détruit. Vous pensez vraiment que cela n'aurait aucun impact sur l'abeille ?
- Le frelon asiatique : S'il est toujours mis en ligne de mire, notre frelon bien européen a choisi lui aussi de s'attaquer aux abeilles. Sur une de mes ruches, j'ai compté un frelon toutes les 20 secondes qui venait se mettre en vol stationnaire pour capturer les abeilles qui arrivaient ou prenaient leur envol.
J'ai envoyé une vidéo au Muséun d'Histoire Naturelle à Paris qui ne me croyait pas, et envoyés plusieurs spécimens à leur demande. Jamais eu de nouvelles...
- le climat change : depuis plusieurs années, le noisetiers fleurit sous des températures trop froides pour les abeilles, qui semblent rester frileuses. Pire : Le vent. depuis deux ans, je ne traite presque que la nuit et au petit matin, car le vent souffle presque tout le temps. Depuis quelques jours, les abeilles viennent butiner les groseillers que vers les 19 h, quand elles viennent, alors que les bourdons, eux, ont déjà fait les emplettes et vidé les rayons...

Il n'y a plus de saison : trop chaud, trop froid, trop de flotte, trop de sécheresse, et rarement en la saison logique pour cela. Cela impacte directement les ressources naturelles des abeilles.
- Les bourdons... Ils font leurs nids dans des terriers, sous terre, bien à l'abri du vent et des températures trop basses ou trop chaudes. Ils ne se prennent pas la tête à réchauffer ou ventiler sans cesse leur rucher, eux , et leurs réserves ne s'en ressentent pas !
- Les apiculteurs veulent leur récolte : Ils prennent trop, quitte à aller remettre du glucose ensuite quand ils s'aperçoivent que quelque chose déconne. Le hic, c'est qu'une ruche ne peut pas être découverte pour voir si tout va bien quand il fait trop froid. Ils arrivent souvent bien trop tard, pour essayer de sauver les meubles, et accusent ensuite le monde entier...
- Les agriculteurs : Suis-je bien objectif ?

Je ne dirais juste qu'effectivement, certaines pratiques ( insecticides pendant la période de butinage des cultures, par exemple ) étaient contre nature, illogiques, abbérantes, mais ont été pratiquées. En même temps, il faut comprendre le principe : Le salaire ne tombe qu'une fois par an, à la récolte, et il n'y pas de rattrapage. Imaginez que vous deviez percevoir votre salaire en pièce d'un euro, et que le temps imparti pour les ramasser soit compté, que vous n'ayez pas le droit de partir de chez vous ce matin-là en avance, et que vous ayez devant vous un bouchon. Sérieusement, vous ne dépasseriez pas les limites de vitesse autorisées pour rattrapper le temps perdu ?

Pour m'arrêter là, je dirai en conclusion que l'abeille décline, faute de savoir s'adapter au monde moderne.
Que le vide qu'elle laisse est comblé par d'autres espèces pollinisatrices, plus robustes. Il suffit de sortir pour s'en apercevoir: Combien de nouveaux bourdons, de toutes formes et couleurs, sont apparus ces dernières années !
Je dirais surtout que le discours alarmiste des écolos de salon, aux finances douteuses, me font penser à une certaine association qui milite contre la détection.
Le déclin de l'abeille est amorçé depuis bien longtemps, mais je n'ai jamais eu autant de cerises que cette années depuis bien longtemps, et mes pommiers et pruniers devraient suivre.
Cherchons l'erreur...
