"Fusaïole" est un mot savant inventé par SCHLIEMANN vers 1860 - 1870 AD. En fait, dans beaucoup de nos provinces, ces fusaïoles portaient des noms particuliers:
•peson (de fuseau) (Ille-et-Vilaine);
•poisieu (forme bretonne de peson) (Morbihan);
•ur bizeu stein ( c'est-à-dire un anneau d'étain) (Bretagne bretonnante):
•arroudet(s) (Gers, Landes);
•bérude (Landes)
•bertel alias berteil alias berdil alias berteich (c'est-à-dire nombril) (Dordogne, Haute-Garonne, Landes);
•gouhure ou gouhurotte (Landes).
Dans les autres régions de France où l'on ne trouve que peu de fusaïoles parce que les rouets y ont détrôné les fuseaux à partir de 1530 AD, les appellations locales des fusaïoles ne nous sont pas parvenues.
Un brouillamini savamment entretenu:
Dès 1860 - 1870 AD, les archéologues se mirent à appeler "rouelles" les fusaïoles.
Cette imprécision de langage fut à l'origine d'un embrouillamini que d'aucuns, par ignorance ou plutôt par propension au lucre, entretiennent encore de nos jours!
Les prospecteurs, à l'aide de leurs détecteurs à métaux, déterrent actuellement par centaines des fusaïoles en étain ou en alliage plomb-étain, toutes postérieures à environ 1200 AD, la plupart modernes, fabriquées et vendues en 1850 – 1900 AD au prix (en 1862 AD) de 2,5 centimes l'unité, soit 8 eurocent.
Le "mystère" des fusaïoles:
Indépendamment de leurs rôles utilitaires, les fusaïoles ont joué, à certaines époques du moins, des rôles mal connus mais qui sont attestés par les observations suivantes:
•sur les 22.000 fusaïoles trouvées par SCHLIEMANN à Hissarlik, près de 10.000 furent trouvées dans un même temple datant de 2000/1800 - 1250/1200 BC;
•dans l'Antiquité, il existait un art divinatoire particulier basé sur l'utilisation de fusaïoles, la "sphondylomancie";
•entre 1870 et 1874 AD, à la suite d'étés très secs, on découvrit dans le fleuve Loire à Orléans près d'une pile de pont: 3.500 à 4.500 fusaïoles, 1.500 méreaux, 440 monnaies romaines, 226 poids, 51 monnaies gauloises et 5 monnaies grecques. Les fusaïoles, en plomb, étaient toutes postérieures à environ 1200 AD. Manifestement, un pont d'Orléans fut, durant des siècles, le théâtre d'un rite de jet d'objets divers (dont des fusaïoles) dans le fleuve.
Rouelles à rayons / Fusaïoles: la soi-disant "théorie monétaire":
Signalons pour terminer que ni les rouelles à rayons ni les fusaïoles, objets monétiformes certes, n'ont jamais servi ni de "pré-monnaies", ni de monnaies gauloises.
Cette "théorie monétaire" avait vu le jour en 1836 AD.
Dès 1862 AD (cf. Rev.Num.1862, p.158), Emile HUCHER, spécialiste ès monnaies gauloises, écrivait:
"On ne pense plus à revendiquer pour ouvrir la série déjà si riche du numéraire gaulois, ces joujoux métalliques, dignes tout au plus de figurer dans un musée ethnographique comme échantillons des amulettes d'un peuple adonné aux pratiques superstitieuses".
Certains, de nos jours, feignent encore de croire à cette "théorie monétaire":
il est évidemment très lucratif de vendre de très communes fusaïoles en plomb des années 1850 - 1900 AD en les faisant passer pour de rares monnaies gauloises!!
http://rouelles.pagesperso-orange.fr/distinguo.htm