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  • Jeton Extraordinaire des Guerres et Cavalerie Légère

 #1479300  par LaSavonnetteCosmique
 
Pour partage, Google étant mon ami j'ai pu identifier moi-même cette belle trouvaille.

Trouvé en lisière de forêt en Auvergne,
cuivre, 27mm pour 5,1g.

Si quelqu'un en sait plus sur ce type de jeton ce sera naturellement avec grand plaisir :amen:

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 #1480602  par fouduroi
 
LaSavonnetteCosmique a écrit : Si quelqu'un en sait plus sur ce type de jeton ce sera naturellement avec grand plaisir :amen:
Bonjour,

Vu que tu as vu ce que c'était, j'ignore si ce qui suit peut t'intéresser.

Donc, on a ici un jeton de Louis XIV émanant d'une administration.
C'est l'administration qui gérait les dépenses extraordinaires de guerres, elle était indépendante de celle qui gérait les dépenses ordinaires de guerre.

Voici un extrait de bouquin qui parle de la chose.

Dans sa forme moderne, la trésorerie de l’Extraordinaire des guerres apparut sous le règne de François Ier et son rôle consista à verser des financements prélevés en temps de guerre aux formations militaires. L’Ordinaire des guerres se consacrait essentiellement aux versements en temps de guerre et en temps de paix auprès des compagnies d’ordonnances (l’ancienne gendarmerie) et des garnisons permanentes. On peut dire que l’Ordinaire des guerres fut en désordre permanent tout au long du XVIIe siècle et en 1700, on négligeait encore les comptes de plusieurs exercices dont certains des années 1590 ! À l’époque de Richelieu, l’Extraordinaire des guerres affirma son rôle de principal établissement traitant des affaires financières pour les armées en expansion. Cette trésorerie prit également la responsabilité d’une partie de la direction des finances pour l’artillerie et les fortifications de la France5. Dès 1660, l’Ordinaire des guerres ne s’occupa plus que des dépenses militaires courantes. En 1700, l’Extraordinaire des guerres dépensait environ cinquante fois plus d’argent que l’Ordinaire. Théoriquement, on divisa ses comptes en deux parties : pour l’Extraordinaire de « déça les monts » et pour l’Extraordinaire de « delà les monts », avec une frontière de division qui courut de Nantes à Lyon. Néanmoins, cette division, conçue pour appuyer la stratégie liée aux guerres d’Italie avant 1559, devint vite obsolète et au XVIIe siècle, les trésoriers généraux s’intéressaient en réalité aux deux départements en même temps.

6 Léon Mention, L’armée de l’ancien régime de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1909, p. 249 ; P. J. (...)
4Pendant le règne personnel de Louis XIV, la trésorerie de l’Extraordinaire était sous la juridiction du secrétaire d’État à la Guerre et non du contrôleur général. Pendant la guerre franco-espagnole, Michel Le Tellier se trouva gêné par le pouvoir étendu des surintendants des finances, et Mazarin s’engagea peu pour obliger ces derniers à avancer des fonds suffisants. À partir de 1661, l’Extraordinaire acquit davantage d’indépendance vis-à-vis du bureau des finances. Le secrétaire de la guerre étendit plus sûrement sa protection sur cette trésorerie. Ces liens étaient tellement forts que les Le Tellier, qui possédèrent cette charge jusqu’en 1701, utilisèrent les trésoriers généraux pour faciliter leurs intérêts personnels. La responsabilité du ministère de la Guerre devint plus confuse uniquement lorsque Chamillart en prit les fonctions, en même temps que celles de contrôleur général de 1701 à 17086.

7 Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, Mémoires du duc de Saint-Simon, (rééd.) A. de Boislisle, Pari (...)
5Au cours de cette période, le nombre des trésoriers généraux varia entre deux et trois, mais chacun de ces officiers ne fut en exercice que pendant douze mois tous les deux ou trois ans. De 1661 à 1701, il y eut deux officiers, mais de 1701 à la fin du règne ce nombre passa à trois, et ce pour des raisons bien fondées. L’année passée hors de l’exercice des fonctions était capitale pour établir les comptes avec très peu de personnel, de même qu’elle donnait l’occasion à un trésorier général de renforcer sa réputation financière. Il disposait également de ce laps de temps pour constituer une équipe d’associés en vue de l’exercice suivant7. Parce que le fardeau était devenu trop lourd pendant la guerre francoespagnole avant 1659, les officiers réunissaient habituellement associés et bailleurs de fonds aussi bien secrets que publics. Dès 1684, il apparut évident que la besogne était trop importante pour deux officiers seuls, même avec des associés. Il fallut cependant attendre les années 1690 avant que l’office lui-même ne commençât à être partagé formellement. La rémunération des trésoriers généraux sera expliquée plus tard et dépendait directement des sommes d’argent manipulées.

6Aux bureaux centraux d’un trésorier général à Paris travaillait une vingtaine de commis et de teneurs de livres. Dans les provinces et aux armées, le réseau administratif évolua et s’affina au cours du règne de Louis XIV, mais l’on peut estimer que dès les années 1680, les chevilles ouvrières hors du bassin parisien composaient une équipe de commis de quelque 60 à 70 hommes. Ils s’occupaient de la recette et du versement de l’argent, ainsi que de la reddition des comptes réguliers et transparents – tout ceci sous le regard des agents principaux du ministère de la Guerre, intendants et commissaires des guerres. Ces tâches n’étaient pas faciles à exécuter ou à surveiller, mais quelques réformes ont amélioré la santé fisco-militaire de l’État français.

8 Louis André, Michel Le Tellier et l’organisation de l’armée monarchique, Paris, 1906, p. 304-306, 3 (...)
9 Arch. nat., G7 1774, pièce 33 : « extraict des Regres du Conel d’Estat », le 21 avril 1684 ; G7 177 (...)
10 SHAT, X1 2 : édit, février 1684.
11 SHAT, A1 1336, fº 1vº : Barbezieux au duc de Gramont, le 5 janvier 1695.
7Pour lutter contre la concussion, on obligea, dès janvier 1660, les agents de l’Extraordinaire des guerres à présenter des comptes pleins et entiers aux trésoriers généraux durant leur engagement et ce, au plus tard six mois après la fin d’un exercice annuel. Sur ce point, les trésoriers généraux augmentèrent leurs exigences et imposèrent une discipline rigoureuse à leurs subordonnés. Pendant la première moitié du règne personnel de Louis XIV néanmoins, des problèmes institutionnels et, d’une certaine façon, structurels ont limité les efforts d’amélioration du fonctionnement de cette administration. Ces problèmes ne se révélèrent qu’un peu après 16808. De 1682 à 1683, la lutte contre la corruption, perpétrée pendant plusieurs décennies dans les rangs intermédiaires de l’Extraordinaire des guerres, a été vainement poursuivie, de sorte que le Conseil royal décida que la meilleure façon de récupérer les pertes était de renvoyer les affaires aux trésoriers généraux afin qu’ils les poursuivent au civil9. Cet épisode contribua à instiller l’idée qu’il fallait donner une organisation plus claire et plus responsable à la Trésorerie de l’Extraordinaire. En 1684, toutes les charges vénales associées à l’Extraordinaire des guerres – les trésoriers provinciaux et quelques autres agents qui avaient été les plus coupables – furent abolies et toutes leurs fonctions, ainsi que les charges de trésorier général (la seule qui restait vénale) furent regroupées dans les mains des trésoriers généraux10. Désormais, ces derniers purent installer ceux qu’ils voulaient dans les provinces et aux rangs des armées, et par ce moyen fut créée une seule classe de commis non vénaux sous leur entière responsabilité. Ces commis devaient donner caution pour garantir leur probité et leur solidité. Le roi fit savoir qu’un commis ne devait servir plus de deux ans en un même lieu, afin d’éviter que ses finances ne fussent trop liées aux intérêts commerciaux d’une région seule11.

12 SHAT, OM 14 : mémoire, [fin de 1683].
13 SHAT, OM 14 : ordonnance du 6 décembre 1682.
14 Pour des exemples de la fraude pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, voir : SHAT, A1 1394 : Ba (...)
8Outre cette réforme du personnel, le ministère continua d’exiger les comptes pour réduire la corruption. En avril 1682, une déclaration royale ordonna aux commis de faire leurs comptes chaque jour et leur défendit, soit de laisser des feuilles vierges dans leurs registres, soit d’arracher des feuilles, sous peine d’une amende de 10 000 livres en cas de violation de ces règles ! Le commis devait donc dresser deux comptes séparés – de recettes et de dépenses – et les présenter tous les mois pour qu’un intendant puisse les vérifier. Dans la première semaine de chaque mois, il devait transmettre au secrétaire de la guerre un résumé de l’état de ses comptes avec copies des pièces justificatives. Tous les trois mois (chaque « quartier »), ses registres devaient être contrôlés par un inspecteur des finances, qui, après vérification, autorisait le trésorier général à enregistrer comme valables les sommes que le commis avait maniées. À la fin de chaque année d’exercice, le commis transmettait enfin son registre et ses comptes au trésorier général12. Huit mois plus tard, en décembre 1682, une ordonnance du roi ordonna par ailleurs aux commissaires des guerres de signer toutes les feuilles des états de revues des troupes13. Naturellement, il est difficile d’imaginer que ces mesures suffirent à éradiquer entièrement les actes de concussion. Il est certain cependant qu’elles engageaient les commis à redoubler de prudence et à rechercher des complicités audacieuses au sein du ministère de la Guerre (les commissaires des guerres) pour gagner de grosses sommes d’argent. Les salariés de l’Extraordinaire continuèrent à frauder, mais dans des proportions assez faibles dans les armées en campagnes. Nul doute que la trésorerie des troupes du roi fut mieux tenue pendant les guerres de la Ligue d’Augsbourg et de Succession d’Espagne14.


Et voici le lien https://books.openedition.org/igpde/4583?lang=fr


:alcool1:
 #1480651  par LaSavonnetteCosmique
 
LaSavonnetteCosmique a écrit : Si quelqu'un en sait plus sur ce type de jeton ce sera naturellement avec grand plaisir :amen:
fouduroi a écrit :Vu que tu as vu ce que c'était, j'ignore si ce qui suit peut t'intéresser.
Et comment donc (Cousteau), que ça m'intéresse et me fascine, tout ça !

Mille mercis à toi @fouduroi pour ces lumières. :amen: :super:
 #1480658  par LaSavonnetteCosmique
 
Une question me taraude toujours toutefois,
à quelle valeur correspond cette rondelle de métal ?
(Attention je ne parle bien évidemment pas de valeur fiduciaire sur l'actuel marché numismatique, hein.)
Je sais, c'est peut-être idiot comme question.
Mais :

On connaît le salaire moyen d'un ouvrier dans l'empire romain comme sous Napoléon III, du coup un sesterce ou 5ct Nap0 on sait ce que ça valait pour celui qui l'a perdu.

Mais ce genre de jeton administratif, ça correspond à quoi ?
Il n'en existe pas à ma connaissance de subdivision ni de décuple (ou de duodécuple comme il était d'usage alors sous l'ancien régime ^^).
À quoi donc correspondrait cette unité unique ?
 #1496195  par pascalus66
 
:hello: ,

les jetons n'avaient aucune valeur fiduciaire ... c'étaient des outils servant aux comptes....

Pour une petite explication concernant leur usage, voir en page d'accueil de mon site : https://jetons-de-l-ancien-regime.blog4ever.com/

:) , pascalus66

 #1496635  par LaSavonnetteCosmique
 
pascalus66 a écrit : :hello: ,

les jetons n'avaient aucune valeur fiduciaire ... c'étaient des outils servant aux comptes....

Pour une petite explication concernant leur usage, voir en page d'accueil de mon site : https://jetons-de-l-ancien-regime.blog4ever.com/

:) , pascalus66
Merci beaucoup de cette lumière... lumineuse ! :amen: :hello: