Je continue à vous présenter quelques coins de ma belle Touraine!
Aujourd’hui, je voulais partager avec vous l’histoire du village de Maillé en août 1944.

Maillé, village du sud de l’Indre-et-Loire, en Touraine, est situé à 40 kilomètres au sud de Tours et longe la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux. Le bourg est traversé par la route reliant Sainte-Maure-de-Touraine à Nouâtre. La RN 10 se trouve à 3 kilomètres à l’est du village, le rendant ainsi facilement accessible. En 1940, lorsque les allemands s’installent à Maillé et ses environs, la commune compte un peu plus de 500 habitants.

Le 25 août 1944, pendant que Paris fête sa Libération, Maillé est pratiquement rayé des cartes.
Cerné par les troupes Allemandes vers 9 heures du matin, le village vit les premiers instants d’un drame qu’aucun objectif militaire ne justifiera.
Au moment où les parisiens expriment leur joie d’être enfin libérés de l’occupation, les habitants de Maillé sont traqués, massacrés dans leurs champs, leurs maisons, leurs jardins, leurs caves…
En été 1944, la libération est proche et la résistance s'active dans la région. Par trois fois déjà, des résistants ont fait sauter la voie de chemin de fer, dont deux fois en pleine gare de Maillé. Et puis, le 11 août 1944, le pilote d'un avion anglais sautait en parachute de son appareil abattu par la D.C.A. Malgré les patrouilles, le pilote n'a pas été retrouvé. Il a probablement bénéficié de complicités dans le secteur de Maillé.
Si ces incidents ont pu irriter l'occupant, ce qui déclenche le massacre, c'est l'attaque d'une patrouille allemande par les FFI, dans la commune.
Le 24 août, aux alentours de 19h00, un camion des résistants muni d'un fusil-mitrailleur fait irruption dans une ferme du nord de Maillé pour se ravitailler. Au même moment, deux voitures de l'armée allemande remplies de soldats et d'officiers, passent en trombe devant la ferme. L'occasion semble peut-être trop bonne pour les résistants. Ils attaquent les deux voitures allemandes. La fusillade dure 3/4 d'heure. Il y aurait des blessés voire des morts du côté allemand.
Aussitôt après l'attentat, un soldat allemand tente des représailles dans une ferme voisine, mettant en joue la famille rassemblée dans la cour. Le premier coup de feu est manqué. Le temps de recharger l'arme et la famille disparait dans les champs. Le soldat n'insiste pas.
Le sous-lieutenant Gustav SCHLUETER, commandant le gîte d'étape de Sainte-Maure fait partie du convoi attaqué. Il aurait signalé par téléphone, au colonel STENGER, commandant d'armes à Tours que "des terroristes avait tiré sur sa voiture à proximité de maillé" et lui aurait demandé "s'il devait engager une action contre ces terroristes". Le sous-lieutenant SCHLUETER se serait autorisé d'une formule assez imprécise d'acceptation pour organiser le massacre de la population de Maillé.
C'est ce même sous-lieutenant, qui organisera le massacre. Cet homme est un nazi, inscrit au parti depuis 1931. Avec le seul mot de "terroristes", il obtient toutes les autorisations. Dans la nuit, il fait déplacer deux pièces d'artillerie afin de bombarder Maillé depuis les hauteurs. Il obtient des moyens de transport et des hommes. Il fixe l'attitude des trains qui, passant le long du bourg le lendemain, devront tirer sur le village.
Le lendemain matin, aux environs de 8 heures, des soldats se postent au sud-est du village avec une dizaine de voitures camouflées par des branchages. Ils interdisent l'accès au bourg.

Au ce moment, une escadrille d'avions anglais, attaquant un train, mitraille l'une des pièces d'artillerie destinée au bombardement de Maillé, la mettant hors d'usage. Le passage des avions a détourné l'attention de la plupart des villageois sur ce qui allait se passer. Ils ont pris les premiers incendies pour les conséquences de l'attaque alliée.
Tôt ce matin-là, le facteur à Maillé, est en route pour chercher le courrier au village voisin de la Celle-Saint-Avant, quand il aperçoit les troupes allemandes postées au sud du pays. Conscient du danger, il retourne aussitôt auprès de sa femme enceinte et leur petite fille de 15 mois. Son épouse, qui n'a alors pas encore 18 ans, insiste pour trouver refuge auprès de Mme GANDAR, l'institutrice. ils rejoignent donc la famille des instituteurs pour se cacher dans la cave de l'école avec d'autres personnes. Ce geste les sauve car ils ne sont pas encore à l'abri que les allemands sont déjà à la Poste et lancent une grenade dans leur propre cave. Devant la porte de la cave de l'école, les soldats se contenteront de tirer. Miraculeusement, aucun des enfants présents dans la cave ne trahira sa présence en criant.
Tous n'auront pas leur chance. Les gens ont été traqués dans les champs, dans les maisons, les jardins, les caves... On les a mitraillés, fusillés. Certains ont été égorgés, d'autres étaient brûlés au lance-flamme. Le bétail est abattu lui aussi. Ensuite, après avoir massacré une famille, les allemands mettaient le feu aux bâtiments.
Seuls ont échappé à la mort les personnes qui ont pu se cacher avant l'arrivée des allemands ou qui ont simulé la mort sous des cadavres.
D'après les survivants, les massacreurs étaient jeunes, habillés de vert. D'après l'épouse du facteur: "Ils riaient... Les massacreurs progressaient du sud vers le nord du village. Ils sont partis vers midi."
Par deux fois, ils ont laissé une signature : un simple billet sur lequel est écrit : "C'est la punission des terroristes et de leurs assistents".
Après le départ des massacreurs, Maillé subit une canonnade à partir de la pièce d'artillerie encore en état ; 80 obus tombent sur le bourg.
En milieu d'après-midi, une nouvelle troupe de soldats descend d'un train en gare de Maillé. Elle interdit aux survivants de sortir de leurs cachettes avant le lendemain matin.
Toutefois, dans l'après-midi, l'abbé André PAYON, le curé de Maillé, absent du village pendant le massacre, parvient à rentrer dans le bourg et à parlementer avec les allemands présents pour faire évacuer les survivants. Ainsi, les rescapés cachés dans la cave de l'école devront enjamber les cadavres calcinés de la rue principale avant de pouvoir quitter le village.
Dans la soirée, quatre trains passent en direction de Tours. A chaque fois, des coups de feu seront tirés sur Maillé.
124 personnes de 3 mois à 89 ans sont sauvagement assassinées : 37 hommes, 39 femmes, 48 enfants de moins de 15 ans dont 26 de moins de 5 ans et 2 nouveau-nés. Les seuls qui échappent à la mort sont ceux qui ont pu se cacher avant l’arrivée des Allemands ou qui ont simulé la mort au milieu des cadavres. Le bétail n’est pas épargné non plus. Tout ce qui bouge ce jour là est tué.

Dans le village, 52 habitations sont brûlées, il n’en reste que 8 sur la totalité du bourg après le passage de la barbarie nazie.


Le sous-lieutenant, Gustav SCHLUETER, a été reconnu coupable du massacre de Maillé. Il a été condamné à mort par contumace en 1952 par le tribunal militaire de Bordeaux. N'ayant pu être retrouvé, il n'a pas été exécuté.
On ne connait pas le nom de la division SS qui a perpétré le massacre et la destruction de Maillé sous le ordres du sous-lieutenant SCHLUETER.

Contrairement à Oradour-sur-Glane, Maillé ne s'est pas figé dans le souvenir. le village a été totalement reconstruit à la fin des années 40, ce qui lui donne depuis ce caractère si particulier. Une cérémonie de commémoration a lieu tous les ans, le 25 août. Après avoir vécu le cinquantième anniversaire du massacre, et parce qu'il restait peu de témoins encore vivants, Maillé a voulu créer un musée du souvenir. La "Maison du Souvenir" a vu le jour en 2006.
http://www.maisondusouvenir.fr/lhistoire-de-maille/
Longtemps oublié par l’État, ce village a reçu la visite de Mr Nicolas *** alors Président de la République le 25 août 2008. Il avait alors prononcé ceci:
" La France a commis une faute morale. C'est cette faute qu'au nom de la nation tout entière, je suis venu reconnaître et réparer aujourd'hui."

Une petite vidéo (5 minutes) qui nous dévoile des clichés pris après le massacre
https://www.youtube.com/watch?v=Eg_NhYP0mI8
Aujourd’hui, je voulais partager avec vous l’histoire du village de Maillé en août 1944.

Maillé, village du sud de l’Indre-et-Loire, en Touraine, est situé à 40 kilomètres au sud de Tours et longe la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux. Le bourg est traversé par la route reliant Sainte-Maure-de-Touraine à Nouâtre. La RN 10 se trouve à 3 kilomètres à l’est du village, le rendant ainsi facilement accessible. En 1940, lorsque les allemands s’installent à Maillé et ses environs, la commune compte un peu plus de 500 habitants.

Le 25 août 1944, pendant que Paris fête sa Libération, Maillé est pratiquement rayé des cartes.
Cerné par les troupes Allemandes vers 9 heures du matin, le village vit les premiers instants d’un drame qu’aucun objectif militaire ne justifiera.
Au moment où les parisiens expriment leur joie d’être enfin libérés de l’occupation, les habitants de Maillé sont traqués, massacrés dans leurs champs, leurs maisons, leurs jardins, leurs caves…
En été 1944, la libération est proche et la résistance s'active dans la région. Par trois fois déjà, des résistants ont fait sauter la voie de chemin de fer, dont deux fois en pleine gare de Maillé. Et puis, le 11 août 1944, le pilote d'un avion anglais sautait en parachute de son appareil abattu par la D.C.A. Malgré les patrouilles, le pilote n'a pas été retrouvé. Il a probablement bénéficié de complicités dans le secteur de Maillé.
Si ces incidents ont pu irriter l'occupant, ce qui déclenche le massacre, c'est l'attaque d'une patrouille allemande par les FFI, dans la commune.
Le 24 août, aux alentours de 19h00, un camion des résistants muni d'un fusil-mitrailleur fait irruption dans une ferme du nord de Maillé pour se ravitailler. Au même moment, deux voitures de l'armée allemande remplies de soldats et d'officiers, passent en trombe devant la ferme. L'occasion semble peut-être trop bonne pour les résistants. Ils attaquent les deux voitures allemandes. La fusillade dure 3/4 d'heure. Il y aurait des blessés voire des morts du côté allemand.
Aussitôt après l'attentat, un soldat allemand tente des représailles dans une ferme voisine, mettant en joue la famille rassemblée dans la cour. Le premier coup de feu est manqué. Le temps de recharger l'arme et la famille disparait dans les champs. Le soldat n'insiste pas.
Le sous-lieutenant Gustav SCHLUETER, commandant le gîte d'étape de Sainte-Maure fait partie du convoi attaqué. Il aurait signalé par téléphone, au colonel STENGER, commandant d'armes à Tours que "des terroristes avait tiré sur sa voiture à proximité de maillé" et lui aurait demandé "s'il devait engager une action contre ces terroristes". Le sous-lieutenant SCHLUETER se serait autorisé d'une formule assez imprécise d'acceptation pour organiser le massacre de la population de Maillé.
C'est ce même sous-lieutenant, qui organisera le massacre. Cet homme est un nazi, inscrit au parti depuis 1931. Avec le seul mot de "terroristes", il obtient toutes les autorisations. Dans la nuit, il fait déplacer deux pièces d'artillerie afin de bombarder Maillé depuis les hauteurs. Il obtient des moyens de transport et des hommes. Il fixe l'attitude des trains qui, passant le long du bourg le lendemain, devront tirer sur le village.
Le lendemain matin, aux environs de 8 heures, des soldats se postent au sud-est du village avec une dizaine de voitures camouflées par des branchages. Ils interdisent l'accès au bourg.

Au ce moment, une escadrille d'avions anglais, attaquant un train, mitraille l'une des pièces d'artillerie destinée au bombardement de Maillé, la mettant hors d'usage. Le passage des avions a détourné l'attention de la plupart des villageois sur ce qui allait se passer. Ils ont pris les premiers incendies pour les conséquences de l'attaque alliée.
Tôt ce matin-là, le facteur à Maillé, est en route pour chercher le courrier au village voisin de la Celle-Saint-Avant, quand il aperçoit les troupes allemandes postées au sud du pays. Conscient du danger, il retourne aussitôt auprès de sa femme enceinte et leur petite fille de 15 mois. Son épouse, qui n'a alors pas encore 18 ans, insiste pour trouver refuge auprès de Mme GANDAR, l'institutrice. ils rejoignent donc la famille des instituteurs pour se cacher dans la cave de l'école avec d'autres personnes. Ce geste les sauve car ils ne sont pas encore à l'abri que les allemands sont déjà à la Poste et lancent une grenade dans leur propre cave. Devant la porte de la cave de l'école, les soldats se contenteront de tirer. Miraculeusement, aucun des enfants présents dans la cave ne trahira sa présence en criant.
Tous n'auront pas leur chance. Les gens ont été traqués dans les champs, dans les maisons, les jardins, les caves... On les a mitraillés, fusillés. Certains ont été égorgés, d'autres étaient brûlés au lance-flamme. Le bétail est abattu lui aussi. Ensuite, après avoir massacré une famille, les allemands mettaient le feu aux bâtiments.
Seuls ont échappé à la mort les personnes qui ont pu se cacher avant l'arrivée des allemands ou qui ont simulé la mort sous des cadavres.
D'après les survivants, les massacreurs étaient jeunes, habillés de vert. D'après l'épouse du facteur: "Ils riaient... Les massacreurs progressaient du sud vers le nord du village. Ils sont partis vers midi."
Par deux fois, ils ont laissé une signature : un simple billet sur lequel est écrit : "C'est la punission des terroristes et de leurs assistents".
Après le départ des massacreurs, Maillé subit une canonnade à partir de la pièce d'artillerie encore en état ; 80 obus tombent sur le bourg.
En milieu d'après-midi, une nouvelle troupe de soldats descend d'un train en gare de Maillé. Elle interdit aux survivants de sortir de leurs cachettes avant le lendemain matin.
Toutefois, dans l'après-midi, l'abbé André PAYON, le curé de Maillé, absent du village pendant le massacre, parvient à rentrer dans le bourg et à parlementer avec les allemands présents pour faire évacuer les survivants. Ainsi, les rescapés cachés dans la cave de l'école devront enjamber les cadavres calcinés de la rue principale avant de pouvoir quitter le village.
Dans la soirée, quatre trains passent en direction de Tours. A chaque fois, des coups de feu seront tirés sur Maillé.
124 personnes de 3 mois à 89 ans sont sauvagement assassinées : 37 hommes, 39 femmes, 48 enfants de moins de 15 ans dont 26 de moins de 5 ans et 2 nouveau-nés. Les seuls qui échappent à la mort sont ceux qui ont pu se cacher avant l’arrivée des Allemands ou qui ont simulé la mort au milieu des cadavres. Le bétail n’est pas épargné non plus. Tout ce qui bouge ce jour là est tué.

Dans le village, 52 habitations sont brûlées, il n’en reste que 8 sur la totalité du bourg après le passage de la barbarie nazie.


Le sous-lieutenant, Gustav SCHLUETER, a été reconnu coupable du massacre de Maillé. Il a été condamné à mort par contumace en 1952 par le tribunal militaire de Bordeaux. N'ayant pu être retrouvé, il n'a pas été exécuté.
On ne connait pas le nom de la division SS qui a perpétré le massacre et la destruction de Maillé sous le ordres du sous-lieutenant SCHLUETER.

Contrairement à Oradour-sur-Glane, Maillé ne s'est pas figé dans le souvenir. le village a été totalement reconstruit à la fin des années 40, ce qui lui donne depuis ce caractère si particulier. Une cérémonie de commémoration a lieu tous les ans, le 25 août. Après avoir vécu le cinquantième anniversaire du massacre, et parce qu'il restait peu de témoins encore vivants, Maillé a voulu créer un musée du souvenir. La "Maison du Souvenir" a vu le jour en 2006.
http://www.maisondusouvenir.fr/lhistoire-de-maille/
Longtemps oublié par l’État, ce village a reçu la visite de Mr Nicolas *** alors Président de la République le 25 août 2008. Il avait alors prononcé ceci:
" La France a commis une faute morale. C'est cette faute qu'au nom de la nation tout entière, je suis venu reconnaître et réparer aujourd'hui."

Une petite vidéo (5 minutes) qui nous dévoile des clichés pris après le massacre
https://www.youtube.com/watch?v=Eg_NhYP0mI8