Histoire du Monnayage romain
La présente note a pour objectif d’illustrer dans les grandes lignes le rôle joué par la monnaie dans les phases les plus significatives de l’histoire économique romaine et plus précisément entre la première Tétrarchie et l’époque constantinienne. Cette période voit émerger l’importance de la Gaule Belge et en particulier l’ancienne cité de Trèves, aux confins du Luxembourg, qui de nos jours encore, représente un exemple important de la civilisation romaine, par sa structure urbanistique et ses nombreuses constructions, toujours bien conservées .
Selon Pline, le peuple romain non seulement n’avait jamais frappé d’or, mais n’avait pas non plus utilisé ses propres monnaies en argent. Sur ses balances, on pesait l’« aes grave » d’une livre, coulée en bronze. Une ancienne tradition faisait remonter au règne de Servius Tullius l’apposition des premiers motifs sur les lingots de bronze. Le besoin d’exercer le contrôle sur la production monétaire dans les territoires de culture grecque de la péninsule récemment conquise persuada Rome, dès la première moitié du 3ème siècle av. J.-C., de mettre en oeuvre l’émission de quelques séries de monnaie marquées à son nom. Découpées selon le modèle grec, les monnaies furent produites par des ouvriers grecs dans des ateliers monétaires de l’Italie centrale et du sud (monnaies romano - campanienne).
Dans la première moitié du 3ème siècle av. J.-C., Rome visait à devenir une puissance hégémonique en Méditerranée. Emergeait ainsi l’exigence d’introduire une nouvelle monnaie - le denier d’argent - afin de témoigner de la solidité et de la puissance de l’Etat émetteur. Avec la réforme réalisée en l’an -269, le système monétaire romain, né monométallique en période républicaine, devint bimétallique et basé sur un taux de change fixe entre l’argent et le bronze.
Au cours du 2ème siècle av. J.-C., les succès guerriers apportèrent un considérable afflux de richesses provenant des butins de guerre, tributs, taxes et revenus liés au commerce. Tandis que l’expansion romaine s’amplifiait, les pays assujettis à Rome perdaient leur propre pouvoir monétaire. La monnaie romaine, et en particulier le denier d’argent, s’adjugeait le rôle de monnaie internationale.
Avec Auguste, l’or commença à faire partie d’une manière stable du système monétaire romain, lié par un taux de change fixe au denier d’argent et aux autres monnaies de bronze, scellant ainsi le début d’une longue période de stabilité monétaire. Dans les trois vieux continents, la monnaie romaine fut acceptée en paiement des biens que l’empire ne produisait pas. Après un siècle de guerres civiles, on assiste de ce fait à une nouvelle phase de l’histoire de Rome, le « Principat », pendant laquelle la monnaie romaine « universelle » constituera un point constant de référence pour la politique économique.
La crise du 3ème siècle
Cette période est caractérisée par un ralentissement significatif de l’activité de production, surtout du secteur agricole, à mettre sur le compte de l’état général d’insécurité dans l’Empire soumis à des invasions pressantes et continues et aux mutations de la structure sociale. La substitution progressive de l’esclavage par le « colonat » n’ayant pas favorisé l’augmentation de la productivité agricole, les colons n’étaient souvent pas en mesure de verser les loyers dus pour leurs terres et se voyaient contraints de les d’abandonner.
A la fin de l’époque Julio-Claudienne, le denier est soumis à d’incessantes pressions et on assiste à terme à une substantielle dégradation de ses caractéristiques intrinsèques, avec pour conséquence la réduction du pouvoir d’achat de la monnaie en argent. Les difficultés sous Commode, conduiront à une chute des taux d’intérêt
et à la ruine d’un grand nombre de petits épargnants, comme en témoigne la faillite de la banque de Calliste, l’esclave banquier devenu ensuite évêque de la communauté chrétienne de Rome de l’an 217 à l’an 222 ap. J.-C. Même l’adoption de prix plafonds par Commode n’eut pas, dans l’immédiat, les effets escomptés. La crise de l’an 193 ap. J.-C, suite à la mort violente de l’Empereur, montre à quel point la classe dirigeante romaine avait bien conscience de la difficulté dans laquelle se trouvait l’empire. Publius Helvius Pertinax – vieux préfet de Rome élevé à la pourpre des honneurs – tenta une politique déflationniste, en intervenant aussi bien sur la monnaie qu’en approuvant une série de dispositions destinées à contrôler les dépenses publiques et à relancer l’économie, avec une attention particulière aux secteurs agricole et commercial. Mais les difficultés de l’Empire résidaient dans la profonde crise des valeurs traditionnelles, ainsi que dans des problèmes financiers de l’Etat. Malgré les interventions de l’an 193, les difficultés se manifestèrent aussi en crise de production, en raison du manque de bénéfices et de l’instabilité politique extrême. Toutes ces crises étaient destinées à exploser, dans toute leur gravité, au cours des décennies suivantes.
La monnaie, la finance et le marché à Rome sous l’ère impériale
Septime Sévère d’abord, puis Caracalla, essayeront d’intervenir, en incluant également dans le paquet des réformes prévues pour la relance de l’économie de substantielles interventions sur la monnaie, culminant ainsi en la création en l’an 215 de l’antoninien, un multiple du denier, de poids et finesse rigoureusement contrôlés. Les tentatives de sauvegarder le pouvoir d’achat de la monnaie en argent, désormais irrémédiablement surévaluée par rapport à son réel contenu intrinsèque, tout en maintenant inchangé le taux de change avec l’or monétisé (un aureus vaut encore 25 deniers), seront à la base de toutes les vicissitudes monétaires du 3ème siècle de la période allant des Gordiens
à Valérien, à Gallien, à Aurélien, et même jusqu’au même Dioclétien. Avec des succès mitigés. Au cours des presque trente années caractérisées par l’anarchie militaire (235 - 268 après J.-C.), l’inflation et l’augmentation du volume des émissions se poursuivent dans un jeu réciproque de poussée à la hausse. Avec Gordien III (238 - 244), des antoniniens ont été à nouveau frappés, alors qu’ils tendaient à disparaître du marché ; un phénomène accentué également par l’augmentation des dépenses à charge de l’Etat - surtout des dépenses militaires - face à une sensible contraction des entrées, due, entre autres, à la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie particulièrement ressentie par les secteurs agricole et commercial.
Durant les règnes de Valérien et Gallien, entre 253 et 268 après J.-C., on consentit d’énormes dépenses pour maintenir armé un nombre toujours plus important de légions, alors que se multipliaient les officines monétaires qui augmentaient la quantité de monnaie frappée, toujours plus légère et avec des contenus d’argent pratiquement inexistants. A la fin du règne de Gallien, l’antoninien, désormais la seule monnaie en quantités massives en circulation dans l’Empire, est dorénavant un nominal en cuivre, d’un poids d’environ 2,50 grammes, avec de rares ou inexistants pourcentages d’argent ou simplement d’étain.
La présente note a pour objectif d’illustrer dans les grandes lignes le rôle joué par la monnaie dans les phases les plus significatives de l’histoire économique romaine et plus précisément entre la première Tétrarchie et l’époque constantinienne. Cette période voit émerger l’importance de la Gaule Belge et en particulier l’ancienne cité de Trèves, aux confins du Luxembourg, qui de nos jours encore, représente un exemple important de la civilisation romaine, par sa structure urbanistique et ses nombreuses constructions, toujours bien conservées .
Selon Pline, le peuple romain non seulement n’avait jamais frappé d’or, mais n’avait pas non plus utilisé ses propres monnaies en argent. Sur ses balances, on pesait l’« aes grave » d’une livre, coulée en bronze. Une ancienne tradition faisait remonter au règne de Servius Tullius l’apposition des premiers motifs sur les lingots de bronze. Le besoin d’exercer le contrôle sur la production monétaire dans les territoires de culture grecque de la péninsule récemment conquise persuada Rome, dès la première moitié du 3ème siècle av. J.-C., de mettre en oeuvre l’émission de quelques séries de monnaie marquées à son nom. Découpées selon le modèle grec, les monnaies furent produites par des ouvriers grecs dans des ateliers monétaires de l’Italie centrale et du sud (monnaies romano - campanienne).
Dans la première moitié du 3ème siècle av. J.-C., Rome visait à devenir une puissance hégémonique en Méditerranée. Emergeait ainsi l’exigence d’introduire une nouvelle monnaie - le denier d’argent - afin de témoigner de la solidité et de la puissance de l’Etat émetteur. Avec la réforme réalisée en l’an -269, le système monétaire romain, né monométallique en période républicaine, devint bimétallique et basé sur un taux de change fixe entre l’argent et le bronze.
Au cours du 2ème siècle av. J.-C., les succès guerriers apportèrent un considérable afflux de richesses provenant des butins de guerre, tributs, taxes et revenus liés au commerce. Tandis que l’expansion romaine s’amplifiait, les pays assujettis à Rome perdaient leur propre pouvoir monétaire. La monnaie romaine, et en particulier le denier d’argent, s’adjugeait le rôle de monnaie internationale.
Avec Auguste, l’or commença à faire partie d’une manière stable du système monétaire romain, lié par un taux de change fixe au denier d’argent et aux autres monnaies de bronze, scellant ainsi le début d’une longue période de stabilité monétaire. Dans les trois vieux continents, la monnaie romaine fut acceptée en paiement des biens que l’empire ne produisait pas. Après un siècle de guerres civiles, on assiste de ce fait à une nouvelle phase de l’histoire de Rome, le « Principat », pendant laquelle la monnaie romaine « universelle » constituera un point constant de référence pour la politique économique.
La crise du 3ème siècle
Cette période est caractérisée par un ralentissement significatif de l’activité de production, surtout du secteur agricole, à mettre sur le compte de l’état général d’insécurité dans l’Empire soumis à des invasions pressantes et continues et aux mutations de la structure sociale. La substitution progressive de l’esclavage par le « colonat » n’ayant pas favorisé l’augmentation de la productivité agricole, les colons n’étaient souvent pas en mesure de verser les loyers dus pour leurs terres et se voyaient contraints de les d’abandonner.
A la fin de l’époque Julio-Claudienne, le denier est soumis à d’incessantes pressions et on assiste à terme à une substantielle dégradation de ses caractéristiques intrinsèques, avec pour conséquence la réduction du pouvoir d’achat de la monnaie en argent. Les difficultés sous Commode, conduiront à une chute des taux d’intérêt
et à la ruine d’un grand nombre de petits épargnants, comme en témoigne la faillite de la banque de Calliste, l’esclave banquier devenu ensuite évêque de la communauté chrétienne de Rome de l’an 217 à l’an 222 ap. J.-C. Même l’adoption de prix plafonds par Commode n’eut pas, dans l’immédiat, les effets escomptés. La crise de l’an 193 ap. J.-C, suite à la mort violente de l’Empereur, montre à quel point la classe dirigeante romaine avait bien conscience de la difficulté dans laquelle se trouvait l’empire. Publius Helvius Pertinax – vieux préfet de Rome élevé à la pourpre des honneurs – tenta une politique déflationniste, en intervenant aussi bien sur la monnaie qu’en approuvant une série de dispositions destinées à contrôler les dépenses publiques et à relancer l’économie, avec une attention particulière aux secteurs agricole et commercial. Mais les difficultés de l’Empire résidaient dans la profonde crise des valeurs traditionnelles, ainsi que dans des problèmes financiers de l’Etat. Malgré les interventions de l’an 193, les difficultés se manifestèrent aussi en crise de production, en raison du manque de bénéfices et de l’instabilité politique extrême. Toutes ces crises étaient destinées à exploser, dans toute leur gravité, au cours des décennies suivantes.
La monnaie, la finance et le marché à Rome sous l’ère impériale
Septime Sévère d’abord, puis Caracalla, essayeront d’intervenir, en incluant également dans le paquet des réformes prévues pour la relance de l’économie de substantielles interventions sur la monnaie, culminant ainsi en la création en l’an 215 de l’antoninien, un multiple du denier, de poids et finesse rigoureusement contrôlés. Les tentatives de sauvegarder le pouvoir d’achat de la monnaie en argent, désormais irrémédiablement surévaluée par rapport à son réel contenu intrinsèque, tout en maintenant inchangé le taux de change avec l’or monétisé (un aureus vaut encore 25 deniers), seront à la base de toutes les vicissitudes monétaires du 3ème siècle de la période allant des Gordiens
à Valérien, à Gallien, à Aurélien, et même jusqu’au même Dioclétien. Avec des succès mitigés. Au cours des presque trente années caractérisées par l’anarchie militaire (235 - 268 après J.-C.), l’inflation et l’augmentation du volume des émissions se poursuivent dans un jeu réciproque de poussée à la hausse. Avec Gordien III (238 - 244), des antoniniens ont été à nouveau frappés, alors qu’ils tendaient à disparaître du marché ; un phénomène accentué également par l’augmentation des dépenses à charge de l’Etat - surtout des dépenses militaires - face à une sensible contraction des entrées, due, entre autres, à la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie particulièrement ressentie par les secteurs agricole et commercial.
Durant les règnes de Valérien et Gallien, entre 253 et 268 après J.-C., on consentit d’énormes dépenses pour maintenir armé un nombre toujours plus important de légions, alors que se multipliaient les officines monétaires qui augmentaient la quantité de monnaie frappée, toujours plus légère et avec des contenus d’argent pratiquement inexistants. A la fin du règne de Gallien, l’antoninien, désormais la seule monnaie en quantités massives en circulation dans l’Empire, est dorénavant un nominal en cuivre, d’un poids d’environ 2,50 grammes, avec de rares ou inexistants pourcentages d’argent ou simplement d’étain.