Oxydes de Cuivre et chlorures de Cuivre ne sont pas la même chose (pour schématiser les premiers sont gentils et les 2èmes sont méchants, mais c'est beaucoup plus complexe que ça).
Je vais essayer de résumer simplement (mais c'est un problème sur lesquels des générations de conservateurs/restaurateurs se cassent les dents donc on ne résoudra rien dans ce post 
)
Quand un objet métallique est mis en circulation, il entame de manière naturelle un phénomène d'oxydation.
Cette oxydation aura un résultat différent en fonction du métal ou de l'alliage concerné et de la stabilité des conditions auxquelles il va être soumis.
Cette oxydation naturelle va s'accentuer dès lors que l'objet sera en présence de facteurs particuliers comme un taux d'humidité supérieur à 60%, un certain apport d’oxygène, l'ensemble des espèces chimiques présentes dans le sol , mais aussi en fonction de sa propre composition et structure.
Le résultat de cette oxydation s'appelle un produit de corrosion, plus communément appelé "patine".
Il existe des dizaines de produits de corrosion : cuprite, malachite, chalcocite, nantokite, atacamite, azurite, calumétite, cassitérite, paramélachonite, brochantite,.... et qui sont définis par leur composition chimique (et que nous traduisons nous par "patine verte", "patine rougeatre, "patine vert olive",....
Chimiquement parlant, pour un objet contenant du Cuivre (la plupart de nos monnaies), le processus de corrosion est assez simple à expliquer.
Les atomes de Cuivre (ou plus exactement les ions cuivre) ont tendance à se "dissoudre" plus rapidement que les autres dans un milieu humide (c'est ce qu'on appelle la dissolution préférentielle du cuivre).
Dans le cas du Bronze par exemple, les ions cuivre se "dissolvent" alors que ceux de l'étain restent.
Les ions de l'étain forment avec l'eau et l'oxygène ambiant des oxydes hydratés, qui ont la spécificité d'être très stables chimiquement.
Les ions cuivre eux ne se "dissolvent" pas réellement. Ils migrent vers la surface et forment d'autres produits de corrosion.
Tous ces processus chimiques forment des couches d'oxydation : une "interne" (oxydes hydratés de l'étain + cuivre + eau +oxygène) et une externe issue de la migration de certains ions cuivre.
Voila pour le principe général.
Le gros problème c'est que ces 2 couches d'oxydations sont poreuses et perméables à l'eau contenue dans le sol et l'atmosphère.
Cette eau va transporter différents composés chimiques plus ou moins corrosifs (ions sulfates, chlorures, nitrates,...) et tout cela va créer de nouveaux produits de corrosion plus ou moins agressifs.
Si ce n'est pas trop agressif, les ions cuivre migrent peu et le produit de corrosion finit par se stabiliser pour créer un environnement protecteur (= patine stable et saine).
Si c'est agressif, il y a une forte migration des ions cuivre (ce qui modifie l'alliage de départ par définition), l'étain n'est plus assez "fort" pour préserver la structure de départ, et on a des produits de corrosion instables (= patine fragile, dégradée, ...). L'accumulation d'ions cuivre en surface va commencer à créer des boursouflures (cet fameux aspect poudreux vert fluo) ou suite à précipitation chimique, des excroissances ou dépôts épais et très durs (reconnaissables car on observe une couche rouge d'oxyde de cuivre en dessous et une couche verte, composés hydroxydés du cuivre)
Ces corrosions (dites actives) créent des sortent de faille dans les différentes couches de produits de corrosion et relancent les phénomènes d'oxydation.
Pour schématiser de manière très simple, c'est exactement la même chose que lorsqu'on se plante une épine. Cela traverse différentes couches de la peau, ça s'infecte, le pus sort ou crée un abcès.
Heureusement, ce genre de bobo est beaucoup plus simple à soigner que la maladie du bronze !
Comme je sens que j'en ai perdu quelques uns en cours de route, je résume :
- Un objet métallique réagit avec son environnement.
- Cette altération est due à la corrosion subit dans le sol et qui s'active en fonction de différents paramètres (en particulier taux d'humidité supérieur à 60% et présence d'oxygène).
- Le résultat de cette altération s'appelle le produit de corrosion et l'ensemble des produits de corrosion forment la patine.
- La patine est la réponse de l'alliage de départ aux attaques de l'eau et des différentes espèces chimiques du sol.
- Selon la force de la corrosion et la quantité d'ions cuivres qui migrent vers la surface de l'objet, les patines seront plus ou moins stables.
Dans la cas d'une monnaie en Bronze ou en Cuivre :
- la corrosion se traduit par une dissolution d'une certaine quantité de cuivre sous forme d'ions.
- ces ions se déposent soit sur la surface soit migrent dans l'environnement corrosif.
- selon la force de cette migration, différents produits de corrosion se forment : ceux qui préservent la monnaie (patine saine) ou ceux qui la détruisent (patine instable/maladie du Bronze).
- la corrosion ralenti et s'arrête d'elle même à partir d'une certaine épaisseur.
- cette épaisseur empêche les nouveaux échanges ioniques vers l'alliage = stabilisation des échanges chimiques.
- si l'environnement est modifié, le phénomène de corrosion est réactivé.
Concrètement, pour nous détectoristes, la seule solution dont nous disposons quand on a une patine instable et la présence de chlorures (aspect vert fluo poudreux + présence d'une sous-couche rougeâtre en dessous) c'est soit d'utiliser un inhibiteur de corrosion (mais pour ça il faut impérativement connaître le produit de corrosion auquel on a à faire, et c'est impossible si on a pas un laboratoire chimique à proximité), soit stabiliser la monnaie en enlevant le produit de corrosion (physiquement avec un scalpel, cure-dent ou dans le pire des cas chimiquement via électrolyse) ET stocker la monnaie à un taux d'hygrométrie inférieur à 45% (billes en gel de silicate) ou isoler la monnaie via Paraloïd.
Le zinc peut dans certains cas être un inhibiteur de certains produits de corrosion (pas tous malheureusement) mais de manière très lente.
La vaseline est poreuse à court terme. Elle laissera passer et l'humidité et l'oxygène = réactivation du processus de corrosion.
Sur une patine instable, elle ne sert strictement à rien.
Sur une patine saine, elle améliore l'esthétique (selon les goûts), rien de plus.
Désolé pour le pavé mais c'est un sujet hyper complexe dont je n'ai fait qu'aborder très approximativement quelques notions.