Bonjour FFDM,
Je vais commencer mon propos en saluant la prise d'initiative et l'engagement.
Comme j'aime bien me faire l'avocat du diable, ne prenez pas les lignes ci-dessous pour vous à titre personnel ou pour de la critique gratuite vis-à-vis de l'entité FFDM.
Simplement une position que j'aime bien prendre sur divers sujets liés à la détection (entre autre !) en espérant que cela puisse ouvrir d'autres angles, d'autres perspectives et élargir et le débat et la réflexion. Je ne prétends pas être une contre-mesure quelconque et ne suis porteur d'aucune affiliation à quiconque. J'espère simplement pouvoir élargir les visions et pourquoi pas faire émerger d'autres possibilités d'approches.
1ère chose, si votre initiative est très louable, elle arrive dans un contexte très particulier puisque le secteur a déjà été marqué par plusieurs tentatives plus ou moins avancés/avortées et qui ont laissé des traces malheureusement très négatives.
Ne refaisons pas l'historique, vous l'avez très bien résumé auparavant.
Il n'empêche que cela a échaudé pas mal d'UDM, cela a donné du grain à moudre à nos détracteurs et au final n'a fait qu’exacerber (si besoin était !) les dissidences entres les uns et les autres au sein même de la communauté (si communauté il y a puisqu'on voit bien qu'à l'intérieur existent de multiples tendances ou visions de la pratique du loisir parfois très éloignées)
Le contexte est donc bien négatif et la première chose sera de fédérer au mieux les différents acteurs du monde de la détection.
Ces acteurs, qui sont-ils ?
Les UDM, les magasins, la presse spécialisée, les fabricants, les autres fédérations encore vivantes, les assos non fédérées, les détracteurs (et oui, malheureusement cela reste un acteur de ce loisir qu'on le veuille ou non), les services Archéologiques (Drac, Inrap,....), les quelques archéo ou numismates plus malins qui ont su tirer partie de l'apport des UDM, et enfin le Législateur.
Qu'on le veuille ou non, tous ces gens là vont devoir d'une manière ou d'une autre apprendre à cohabiter et au mieux à collaborer. Quand on voit déjà la difficulté à fédérer les différentes associations françaises autour d'un même projet alors qu'elles sont pourtant dans la "même" pratique du loisir, je vous souhaite bien de la patience.
Que dire des autres "fédérations" (et là je suppose qu'il faudra revoir votre position vis-à-vis de la FNUDEM car à un moment ou un autre il faudra bien les intégrer/absorber....suis pas certain que sous-entendre entre 2 lignes qu'ils sont des incompétents soit très fédérateur - et pourtant je suis très loin d'être dans leur lignée !)
Ensuite, si l'un de vos buts et de viser l'Europe pour faire appliquer une réglementation à la France, bien du courage également. La CE a déjà rappelé à l'ordre la France à ce sujet. Quand on voit que cette dernière ne respecte déjà pas ses engagements en matière de déficit budgétaire et que concrètement la CE a quand même des armes très limitées pour lui taper sur les doigts, on se demande bien comment elle va faire appliquer une quelconque réglementation qui ne représente grosso-modo "peanuts".
Mais à l'évidence, rien n'empêche de tenter et comme suggérez par quelqu'un d'autre, voyez le travail déjà effectué entre autre par Senior68 qui a déjà eu une réponse officielle de la CE.
Je ne reviens pas trop sur l'idée inscrite dans les missions de la FFDM dont
"veillent à ne pas perturber les contextes stratigraphiques et veillent à la protection et à la sauvegarde du patrimoine. et
"participe à la lutte contre le pillage archéologique et le trafic de biens culturels. A ces égards, elle peut être amenée à coopérer avec les services de l’État.
Je doute qu'on puisse défendre l'idée qu'on de veiller à ne pas perturber le contexte strati armé d'une pelle (même si vous et moi savons que certains jardiniers font bien plus de mal que nous sur ces fameuses "strates", qu'une sous-soleuse descend à 75 ou 80cm, et que de toute façon l'Archéologie dans bien des cas se fout totalement de ce qu'il va considérer ensuite comme du remblais de fouille).
Veiller à la protection et la sauvegarde du patrimoine, là non plus je ne vois pas comment (légalement parlant j'entends), et encore moins en ce qui concerne la lutte contre le pillage et le trafic. Tout au plus, on peut le prévenir, faire de la pédagogie, promouvoir l'idée de cette lutte, mais une Fédération associative n'est pas le bras armé pouvant se subsister aux institutions étatiques. Tout au plus, encourager une forme de citoyenneté, de morale ou que sais-je encore. Mais pas plus.
Quand à la coopération avec les services d'Etat, je suppose que l'OCBC a bien d'autres chats à fouetter et que - les rares déclarants sont là pour le prouver - la dite coopération finit régulièrement par se retourner contre eux.
Il n'y a qu'à lire le livret de formation (rien que ça !) de lutte contre le pillage archéologique coécrit par un conseiller de la Sureté Archéologique (M.Yann Brun) et un ingénieur d'études de la DRAC IDF (M.Bertrand Triboulot) pour voir à quel point il n'y a aucune différenciation, aucune demi-mesure à l'encontre des UDM et les vrais pilleurs.
Je suis d'ailleurs curieux de connaitre votre avis, en tant qu'ancien gradé de la GN (et en supposons que le devoir de réserve ne vous interdise pas d'émettre un avis - mais je suppose que non au regard de votre engagement au sein de la FFDM), sur le séminaire de Mars 2019 de lutte contre le pillage Archéolohique qui a eu lieu dans une école de Gendarmerie où bizarrement les apaches étaient présents, mais sauf erreur de ma part, aucun représentant de quelconque asso ou fédé d'UDM n'était invitée.
Ce qui en dit déjà long sur la volonté de coopération de certains acteurs qui ne souhaitent de toute façon aucunement coopérer.
Que les pilleurs, les vrais, soient traqués, trouvés, punis, aucun doute. C'est normal. Mais qu'il n'y ai aucune volonté de reconnaissance de la détection de loisir, ça en dit déjà long sur la suite qui sera donnée aux initiatives aussi fédératrices soient-elles.
Ce qui m'amène au dernier point, certainement le plus important.
Prêcher pour un Treasure Act, un PAS, un MEDEA ou quelconque équivalent, c'est louable et probablement la meilleure vision à long terme.
Le problème c'est que l'ensemble de l'Archéologie française non seulement
ne le souhaite pas, mais en plus qu'
elle n'a de toute façon pas les moyens de faire vivre ce genre de projet. Il n'y a qu'à voir le nombre de sites déclarés et jamais étudiés, le nombre de fouilles abandonnées, bétonnées, bitumées,... faute de moyens.
Alors imaginer un Archéo sur un rallye ou des types pour faire vivre une base de données....
L'Archéologie française n'est pas dans cette mouvance, pleure comme les autres pour avoir plus de moyens et faute d'ouverture d'esprit est en train de crever dans son immobilisme chronique.
Chasse gardée pour on ne sait quelles raisons obscures. Circulez, y'a rien à voir. L'Archéologie ne SOUHAITE PAS ouvrir ses plates bandes, ne souhaite pas de coopération et quand bien même elle le ferait ou changerait son fusil d'épaule, n'a PAS LES MOYENS de traiter cette masse d'informations.
Quand on sait toute la désinformation qui a été faite depuis déjà bien longtemps par les apaches et compagnie, on se dit que la balance est déjà bien faussée et que le retour sera très difficile.
Alors bien entendu, chaque initiative tendant à rationaliser et à encadrer tout ça sera la bienvenue. Evidemment. On ne peut que le saluer si on occulte toutes les erreurs faites par le passé par ceux qui ont cherché à tirer la couverture à eux.
Mais attendez-vous à monologuer face à un mur. C'est terrible mais c'est la dure réalité de notre loisir.
Encore une fois, je me faisais l'avocat du diable et n'y voyez rien de personnel ou d'équivalent à du "bashing" gratuit. Simplement une autre vision de pourquoi ça ne marche pas et des freins à lever.
