Holala ! J'ai encore une infinité de choses à apprendre, et je cale sur pas mal de trucs.
Un petit lien en complément :
http://www.cgb.fr/monnaies/jetons/comptes.html" onclick="window.open(this.href);return false;
L’une des deux premières fonctions du jeton a été d’aider son propriétaire à compter. N’oublions pas qu’au Moyen-âge, la division était enseignée en quatrième année de Sorbonne, et que, pour la majorité de la population, les quatre opérations devaient se simplifier en additions, seule opération à peu près correctement maîtrisée... Rions un peu: divisez une somme de cent quatre-vingt sept livres tournois entre trois ayant-droits en utilisant uniquement des chiffres romains et en sachant que la livre tournois se subdivise en vingt sous et que chaque sou comporte douze deniers.... Sur le papier, un casse tête, avec des jetons, une opération relativement facile.
Mais comment nos ancêtres comptaient-ils avec leurs jetons?
Tout d’abord, ils prenaient un "comptoir" ou "échiquier", carré usuellement de tissu divisé en huit, dix ou douze colonnes. Voilà déjà l’explication de notre mot comptoir où pourtant, aujourd’hui, l’on ne compte vraiment pas les petits coups derrière la cravate! Autre explication étymologique, le ministre des Finances anglais s’appelle encore le "Chancelier de l’échiquier" car c’est son ancêtre qui était responsable du comptoir royal.
Les colonnes du comptoir étaient attribuées, en partant de la droite, d’abord aux deniers, la colonne suivante aux sous, puis aux livres, dizaines de livres, centaines de livres et ainsi de suite. Le comptoir mis à plat, les deux sommes à additionner y étaient disposées, exprimées par des jetons. Par exemple, une somme de deux livres, trois sous, huit deniers serait matérialisée par deux jetons dans la colonne des livres, trois jetons dans celle des sous et huit dans celle des deniers.
Pour additionner à cette première somme, par exemple, douze livres sept sous et dix deniers, des jetons vont être ajoutés dans leurs colonnes respectives au dessus des autres. Il suffit ensuite de procéder aux retenues car huit deniers plus dix deniers font dix-huit deniers donc plus que le nombre contenu dans un sou qui est de douze. Le compteur va retirer douze jetons de la colonne des deniers et en rajouter un dans la colonne des sous et ainsi de suite. Jusqu’à compter le résultat final.
Il s’agit en réalité d’une sorte de boulier mis à plat. La soustraction s’effectue en retirant des jetons - c’est l’inverse d’une addition.
Pour la multiplication, elle se fait par une suite d’additions: pour compter quatre fois trois livres et cinq sous, les jetons correspondants vont être mis quatre fois dans les colonnes, les retenues faites et le résultat compté.
Ce système, peut pratique à nos yeux donnait pourtant de bien meilleurs résultats que le calcul sur papier avec les chiffres romains. Il se faisait dans les administrations avec des équipes où un responsable dictait les opérations à faire et où les "auditeurs" alignaient leurs jetons sur les échiquiers. Encore une étymologie: nous parlons encore avec respect des "auditeurs à la Cour des Comptes"!
Ce système fut assez rapidement abandonné dans le privé - où il fut remplacé par le papier, l’encre et les chiffres arabes, pourvus du providentiel zéro, mais perdura jusqu’à la révolution dans l’administration, toujours soucieuse d’être à la pointe du progrès. La raison du changement fut l’explosion inflationniste de la révolution où l’on se mit à compter couramment par dizaines de millions de livres et où les échiquiers n’auraient plus eu assez de colonnes pour faire face à la débauche monétaire.
Les jetons de cette période qui va approximativement du XIIIème au XVIème siècle sont souvent très émouvants: nous illustrons ci-après un jeton typique de cette période. Il ne comporte pas de nom d’émetteur mais rappelle au comptable ses bases: nous y trouvons l’alphabet !
D’autres jetons de compte portent des légendes qui encouragent leur propriétaire:
"GARDES VOUS BIEN DE M'ESCOMPTER" (mal compter) et "GETTES ENTENDES AU COMPTE"
Ces jetons ne sont pas rares et restent très bon marché, entre cent et trois cent francs car pratiquement personne ne les collectionne. Nos voisins anglais et allemands sont, dans ce domaine comme dans bien d’autres, beaucoup plus avancés que nous. Les seuls jetons de cette période à dépasser les mille francs sont ceux qui portent une mention de l’émetteur comme le célèbre jeton de Jacques Coeur, Grand Argentier de Charles VII avec la légende "EN LVI DOVLCEVR ET AMOVR" et "SVR TOVS AVTRE LOYAL".
Si vous en possédez et que vous trouvez des difficultés à en lire les légendes, rappelez-vous que les graveurs sculptaient leurs lettres comme ils avaient l’habitude de les voir: écrites à la plume. Les jambages horizontaux sont très fins alors que les verticaux, où une plume s’élargit sous la pression du doigt et dépose l’encre plus largement, sont très épais.
Et une variante de ton jeton :
http://www.numishop.eu/fiche-fjt_090003 ... _s_d_.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Amicalement
Jimmy