Ce rapport, OFFICIEL, je l'ai trouvé sur le net, il doit encore y être.
J'en avais déjà parlé mais manifestement ça n'a pas l'air d'attirer les foules; trop chiant à lire!
Alors quelques extraits parmi tant d'autres:
Concernant la conservation des objets (et leur 'intérêt): pages 53 et 54
"Nulle part, sauf exception, je n’ai trouvé de plan de traitement
sélectif des collections. Cela signifie: Pas de plan de tri et
d’évacuation d’objets ou séries d’objets détériorés ou sans intérêt ;
pas de définition de première, deuxième urgence dans le
traitement ; pas de contrôle des collections par des spécialistes
d’archéologie préventive. Le petit jeu est facile, pour celui qui visite
le dépôt, de découvrir, sur des étagères aux normes, dans des
contenants de qualité, et dans des sacs correspondant à des unités
stratigraphiques ou de fouilles, des objets, métalliques par
exemple, qui sont définitivement détériorés."
Concernant le suivi de l'objet: page 60
2.1. Des collections « oubliées »
On ne sait pas exactement quel est le ratio des collections qui ont
pu rester aux mains des chercheurs de l’A.F.A.N. qui ne figurent
plus au rôle de l’I.N.R.A.P. On ne connaît pas non plus le ratio des
collections qui, parties pour étude dans un laboratoire, ne sont pas
revenues dans leur région d’origine ; C’est ainsi qu’au cours de ma
mission ont été « retrouvées » dans l’ancien dépôt de fouilles du fort
de Doullens (Picardie) des caisses d’ossements animaux issus des
fouilles préventives menées à l’emplacement du métro de Lyon,
sans doute parce qu’elles avaient été étudiées à Compiègne.
Concernant les collections privées : page 104-105
Comme l’indique L. Marchand (1998 p 49), et comme il a déjà été
dit ici même, la propriété scientifique en archéologie n’existe pas
dans le droit français. Il est vrai, comme il le propose, qu’il
conviendrait de l’affirmer et d’en fixer les limites, en partant des
usages établis ( par exemple, cinq ans d’étude, droit de
publication), ce qui permettrait par là-même de préciser des
questions comme le devenir des collections et des archives.
4.3. Comme toujours dans les zones de non-droit, des habitudes ont
été prises et se sont pérennisées au fil des ans. F. Braemer ( in
Papinot et Verron 1998 t 2 p 57) évaluait à 1,5 millions d’objets
entre les mains de chercheurs du C.N.R.S. ce qui pouvait être
localisé, et propose de multiplier ce chiffre par 2 ou 3 pour
parvenir à un chiffre plus proche de la réalité. Objets dans les
emplacements les plus divers : domicile, local municipal ou
associatif , laboratoire. « Parallèlement, les chercheurs du
C.N.R.S. semblent vouloir échapper au maximum aux
contraintes inhérentes aux dépôts de leur mobilier dans les
réserves de musées, même après de nombreuses années,
pérennisant l’attitude qui était celle de nombreux bénévoles
dans la période antérieure (Braemer, in Papinot et Verron). Il
faudrait dire « des », plutôt que « les », mais l’analyse est
totalement exacte.
C’est ainsi que les « collections » de chercheurs ou d’anciens
chercheurs du C.N.R.S. sont inaccessibles au public et, bien
entendu, à d’autres chercheurs. Citons l’exemple de cette
collection normande, débloquée à la mort d’un éminent collègue,
grâce à l’action d’archéologues en poste et à la compréhension
du fils du chercheur. On peut encore citer la « collection » de M.
X., chercheur, pour qui ( et grâce à qui !) plusieurs musées ont
été créés, mais qui n’y a pas versé toutes les collections qui
devaient y aller ; qui est le dépositaire de séries d’origines
diverses (prospections, ramassages, etc…). On pourrait aussi
parler de M. Y., chercheur, qui estime que le département
d’Indre-et-Loire ne mérite pas sa collection (sic).En P.A.C.A. tout
le monde parle de la collection préhistorique de M. Z., chercheur,
désormais totalement inaccessible. Dans tous ces cas de figure,
et bien d’autres, seuls de rares personnes de confiance sont
autorisées par les dits chercheurs à accéder à leur trésor…
A l’origine de cette situation inadmissible, certains de ces
chercheurs ont peut-être estimé que leur propre dépôt (devenu
au fil des ans collection personnelle) était mieux ordonné, mieux
géré, et plu facile d’accès que les dépôts de fouilles officiels – ce
qui n’est pas dénué de tout fondement.
L’anthropologie préhistorique est sans doute le domaine où la
pratique de la « conservation personnelle » est la plus répandue.
Véritables « trésors nationaux » du fait de leur rareté et de
l’importance scientifique qu’on leur reconnaît, les restes
humains de l’époque paléolithique sont jalousement gardés,
sous les formes les plus diverses, par les chercheurs qui ont eu
la chance de les découvrir ou de les étudier en « exclusivité », et
qui ne tiennent guère à partager cette chance avec d’autres.
Si cela apparaît dans un rapport officiel, c"est que ces comportements ne sont peut être pas si isolés que cela.
Dernière modification par Drachir le 24 mai 2013, 13:06, modifié 1 fois.